Quintopino en Bretagne

Quintopino, pour ceux qui ne connaissent pas, cela vient de  l’espagnol « estar en el quinto pino », qu’on peut traduire par être en pleine cambrousse ou au diable vauvert ou encore au bout du monde…

C’est aussi le petit nom de l’Iveco 35S13 superbement aménagé acheté par Céline et Clément et qui ne fait pas du tout ses quinze ans d’âge ! Au lieu de se balader dans l’hexagone depuis presqu’un an, il devrait actuellement parcourir les routes et pistes de l’Amérique du Sud sur les traces de son petit frère Titicamion, mais le Covid en a décidé autrement, du moins pour le moment…

Les vacances scolaires durant 15 jours et Céline ayant du travail, on a décidé de prolonger avec Romeo et Timothée  leur petit trip de St Malo à Etretat pendant la semaine qui leur restait de vacances scolaires…

Partis de Nantes, ce mini road-trip de 465 km nous a amenés à Trignac, au bord de la Grande Brière,

puis à Pornichet, La Baule, Le Pouliguen, Batz-sur-Mer, Le Croisic, Guérande et ses marais salants, au barrage d’Arzal sur la Vilaine, une petite virée à l’île aux Moines dans le golfe du Morbihan depuis Port Blanc, le vieil Auray et le port de Saint Goustan, La Trinité-sur-Mer, les alignements de Carnac, la presqu’île de Quiberon avec sa côte sauvage et finalement le charmant et minuscule village de Saint-Cado en bordure de la ria d’Etel.

Un coup de voie rapide nous a ramenés à Saint-Brevin l’Océan, dernier spot dodo avant le retour à Nantes.

Fait à signaler, pas la moindre goutte de pluie durant ces 7 jours, et même un temps plutôt dégagé, ce qui malgré le peu de kilomètres parcourus n’a pas posé de problème d’énergie, grâce aux 365 W des trois panneaux solaires et aux deux grosses batteries de la cellule.

Pour nos petits-enfants, les épisodes plages, les manèges du Pouliguen et la courte balade en bateau vers l’île aux Moines resteront des moments forts, par contre les marais salants de Guérande avec leurs tas de sel absents vu la saison, furent décevants…

Pour moi, c’était un pèlerinage par voie de terre dans des endroits jadis abordés  par la mer… Heureusement que nous étions hors-saison, car en plein été ce doit être infernal. Le littoral a continué de se bétonner et se trouve mité avec moult petites bicoques très style « Sam Suffit ». Quant au bord de mer, à de rares exceptions près, les charmantes villas fin XIX ou début XXsiècle ont pour la plupart laissé la place à de petits immeubles sans aucun charme quand ils ne sont pas carrément moches… A Quiberon, c’est même le sable de la grande plage qui s’est fait la malle, laissant place aux rochers jadis recouverts, elle est méconnaissable…

Sur l’eau, les marinas artificielles jouxtent souvent les anciens ports d’échouage, mais l’ère des méga projets semble s’être achevée…

Par contre, le moindre plan d’eau naturel abrité s’est transformé au fil des ans en vaste parking à bateaux comme près du barrage d’Arzal ou dans l’estuaire de la rivière de Crac’h à La Trinité-sur-Mer où nous avons jeté quand même un  coup d’oeil aux catamarans ou trimarans géants. C’est une chose de les voir lors du départ des grandes courses à la télévision, une autre de les voir « grandeur nature ». Quant aux petites maisons de pêcheur du bord de mer, elles ont toutes été squattées par des troquets et disparaissent carrément derrière  les terrasses vitrées ! Même le vénérable restaurant Le Rouzic, une institution locale, se partage désormais entre une galerie photo et un magasin de fringues…

Au Croisic, (et ailleurs !)  il est bien loin le temps (à la fin des années 50, début des années 60 !) où en se mettant à couple d’un pêcheur, on pouvait troquer un homard ou quelques araignées de mer contre une bouteille de rouge ! Chez le mareyeur local, le homard était affiché à 90 € le kilo, on s’est consolés en se disant qu’on n’était pas totalement équipés dans Quintopino pour en faire cuire un bel exemplaire, mais le prix eût-il été plus « doux », on se serait débrouillés !

Sur la presqu’île de Quiberon, la côte sauvage a été préservée, mais le nombre de parkings qui jalonnent la route donnent une idée de l’affluence en été. Là, il n’y avait pas foule, malgré quelques surfeurs irréductibles se contentant de piètres rouleaux…

Par contre, on a le choix des limitations de hauteur, 1,90, 2,00 ou 2,10 m. Avec les 2,99 m de Quintopino, cela ne changeait pas grand-chose… Je comprends la nécessité d’éviter un « mur » de camping-cars bordant la mer en haute-saison, mais hors-saison, un ou deux parkings proches pourraient être laissés accessibles, le moins que l’on puisse dire est que la plupart des communes littorales ne sont pas vraiment accueillantes pour les CC . Mais avec un peu de recherche sur Park4night, on a malgré tout pu trouver de super spots avec vue sur la mer et plage à proximité immédiate…

Lors du retour, en empruntant  la voie rapide, cette dernière est maintenant en grande partie bordée par d’innombrables zones artisanales qui rivalisent de laideur avec leurs entrepôts bariolés tandis que les commerces de centre-ville continuent à dépérir, mais c’est soi-disant  le progrès !

Les photos sont ici.