Mardi 21 mai 2019
Boston, Beacon Hill, Freedom Trail, Tea Party & MIT
On tente le bus pour relier le centre ville, c’est plus sympa de rester en surface que de prendre le métro, mais après 2 bus qui « rentrent au dépôt », on se rabat sur le métro…
Balade dans Beacon Hill, la plus haute des trois collines de Boston, qui tire son nom d’un signal (beacon) installé à son sommet. Petites ruelles bordées de maisons victoriennes, avec les réverbères à gaz d’origine, qui fonctionnent toujours ! Pour minimiser les frais, plus d’allumeur de réverbères, ces derniers marchent 24h/24… Bon, c’est mignon mais limité à quelques pâtés de maisons, pas de quoi trop s’attarder !
On embraye sur le Freedom Trail qui zigzague à travers le centre historique, il suffit de suivre une ligne rouge sur 4 km. Cet itinéraire passe par tous les endroits ayant marqué l’histoire de Boston, dont le Massachusetts State House avec son dôme en bois qui fut recouvert d’or 24 carats en 1874, diverses églises dont la Old South Meeting House où se tinrent diverses assemblées politiques, la Old State House, siège de l’autorité royale et de l’Assemblée du Massachusetts élue par les colons.
C’est de son balcon que fut lue la Déclaration d’indépendance toute fraîche arrivée de Philadelphie et la foule alluma alors un immense feu de joie dont le lion et la licorne, symboles de la royauté, alimentèrent le feu. Depuis, on a mis des répliques sur le toit…
Comme à Philadelphie, tout cela évoque plus de souvenirs aux Américains qu’à nous et on se contente de jeter un œil sur ces divers bâtiments, plutôt que de payer à chaque fois 10 $ pour juste voir le banc de l’église où s’asseyait tel homme politique célèbre, j’exagère à peine… Au moins à Philadelphie, c’était gratuit…
La Boston Tea Party
C’est à Boston que s’est déroulé l’un des épisodes les plus connus de la révolution américaine, la Boston Tea Party.
Depuis la promulgation du Stamp Act en 1765, la Grande-Bretagne pouvait taxer ses 13 colonies américaines. Cette décision fut très mal perçue par les habitants des colonies, car ils n’étaient pas représentés au parlement de Westminster et entendaient faire respecter le principe selon lequel un territoire non représenté ne pouvait pas être taxé.
L’un des protestataires était John Hancock et en 1768, sa petite corvette, Liberty, fut saisie et il fut accusé de contrebande. Défendu par John Adams, qui deviendra plus tard le 2e président des Etats-Unis, l’affaire fut classée sans suite.
Le Royaume britannique était alors confronté à de lourds problèmes de trésorerie, George III décida d’augmenter fortement les taxes commerciales à l’encontre des colonies. Le thé, l’un des produits dont la taxe était la plus exorbitante, était devenu un point de discorde symbolique entre la métropole et ses colonies. Hancock organisa un boycott du thé venu de Chine et vendu par la Compagnie anglaise des Indes Orientales, dont les ventes dans les colonies passèrent de 320 000 livres à 520.
À partir de 1773, la Compagnie avait d’importantes dettes et d’énormes stocks de thé, mais peu de possibilités de les écouler à cause de la contrebande qui échappait aux taxes. Le gouvernement britannique fit alors passer le Tea Act qui autorisait la Compagnie à vendre du thé aux colonies sans payer les taxes, cette mesure lui permettant de vendre son thé moins cher que les autres importateurs et autres contrebandiers. Elle provoqua la ruine des marchands indépendants et la colère des colons anglais d’Amérique.
À New York, des affiches sont placardées et militent en faveur des libertés commerciales américaines. Le boycott de la Compagnie continue, les marins qui tentent de débarquer le thé sont passés au supplice du goudron et des plumes…
Au total, six navires de la Compagnie chargés de thé arrivent dans les ports des colonies : un à New York, un à Philadelphie, un à Charleston et les trois autres à Boston. Les colons empêchent le débarquement des cargaisons et les bateaux doivent repartir vers l’Angleterre, sauf ceux ancrés à Boston, le gouverneur britannique ayant interdit aux bateaux de repartir avant d’avoir déchargé leur cargaison.
Le 16 décembre 1773, soixante Bostoniens nommés Les Fils de la Liberté grimpent à bord des trois navires, costumés en Amérindiens de la tribu des Agniers car ces derniers suscitaient la terreur à cette époque. Silencieusement, entre 18 et 19 heures, ils jettent 342 caisses de thé par-dessus bord. Rien n’est volé, ou détruit intentionnellement, hormis les 45 tonnes (90 000 livres) de thé, d’une valeur de 10 000 £.
Cet événement suscita de nombreuses réactions de la part de personnalités de métropole et des colonies. Benjamin Franklin maintint que le thé détruit devait être remboursé et proposa de le faire avec son propre argent. Le gouvernement britannique répliqua en fermant le port de Boston.
La Boston Tea Party fut l’un des événements symboliques de la révolution américaine et fut l’élément déclencheur de la guerre d’indépendance américaine. Quant à la Compagnie, elle résolut ses problèmes financiers causés par le thé en vendant de l’opium produit en Inde à la Chine.
Ce n’est donc pas un hasard si la partie la plus réactionnaire des Républicains, pour qui l’Etat est un problème et qui prône un libéralisme exacerbé, se réclame de nos jours du Tea Party…
Un peu plus loin, le Faneuil Hall est en réfection, surnommé The Cradle of Liberty, c’est ici que se tinrent les meetings de protestation contre l’autorité royale anglaise. Maintenant, il abrite fast-foods et autres boutiques de souvenirs…
On déjeune sur Quincy Market, les anciennes halles de Boston, avant de poursuivre le Freedom Trail qui passe par le plus vieux quartier de la ville, encore diverses églises ou « historic places » avant de se terminer au port où se trouve l’USS Constitution, l’une des six frégates originelles de l’United States Navy. Lancée en 1797 et baptisée par George Washington, elle coula de nombreux navires anglais lors de la guerre anglo-américaine de 1812, prit part à la guerre de Sécession avant de prendre sa retraite en 1881. Elle est actuellement en cours de restauration.
Retour sur Boston via le ferry public, cela permet d’admirer la skyline. On achève la journée par une balade à Cambridge, ville jouxtant Boston au nord, plus précisément en parcourant le campus du MIT. Le long de l’infinite corridor, un couloir de 250 m de long dans le bâtiment principal, des baies vitrées permettent de voir quelques-uns des labos.
Bien sûr, de grands architectes ont édifié les bâtiments plus récents, par ex. Frank Gehry et son Stata Center, « croisement entre un vaisseau spatial et une maison de schtroumpfs », bien vu le Routard !
Le campus du MIT est une ville dans la ville, avec tous les services nécessaires à ses étudiants.
Retour at home, ce n’est pas désagréable de se poser, 24 500 pas, un peu plus de 18 km…
Les photos sont ici.