Mercredi 3 avril 2019
Cathédrale St Guy- ancien palais Royal et quartier d’Hradčany – St-Nicolas
Un coup de tramway et un peu de marche à pied – car l’on n’a pas pris le bon tram – nous mènent jusqu’au sommet de la colline d’Hradčany, à l’entrée du château royal. On débute par la cathédrale St Guy, dont la construction débuta en 1344 sous le règne de Charles IV. Suite aux guerres hussites et au pillage des Calvinistes, les travaux pour son achèvement ne reprirent qu’en 1861 pour se terminer en 1929, ce qui permit à Mucha de l’orner d’un superbe vitrail.
Parmi les autres curiosités notables, un retable en bois réalisé en 1625 illustrant la fuite de Prague de Friedrich de Platz devant les Habsbourg, avec le pont Charles embouteillé par l’exode de ses habitants.
Il y a aussi la chapelle et le tombeau de St-Jean-Népomucène, pas moins de deux tonnes d’argent qui dégoulinent, sous un baldaquin dont les pans sont tenus par des angelots un peu grassouillets… Parmi toutes les autres chapelles, celle de Saint-Venceslas mérite le détour, elle fut édifiée en 1366 par Petr Parléř, l’architecte de la cathédrale qui succéda à son confère français, Mathias d’Arras. Tout ce qui n’est pas peint sur les murs est orné de 1500 pierres semi-précieuses, améthystes, chrysoprases, plus grosses que des pavés !
L’autre attraction est visible de l’extérieur, c’est la porte d’Or, ainsi nommée à cause de sa mosaïque du XIVe illustrant le jugement dernier.
C’est ensuite l’ancien palais royal, le joyau étant la salle Vladislas, remarquable par ses dimensions et son plafond composé d’un lacis de nervures gothiques.
Ensuite, la basilique St-Georges avec sa façade baroque du XVIIIe qui cache bien son jeu car elle habille une superbe église romane du Xe.
On rejoint ensuite la ruelle d’Or, une vieille rue percée au XVIe siècle pour loger les gardes du château sous l’empereur Rodolphe II. Magiciens et alchimistes ne tardèrent pas à investir aussi les lieux, Rodolphe II étant passionné d’alchimie, il rêvait de trouver la pierre philosophale, cela eût arrangé les finances du royaume. Au XXe siècle, le lieu fut prisé par les écrivains et artistes et ces maisons de poupée furent habitées jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Kafka y passa l’hiver 1916-17 à écrire Un médecin de campagne.
Point de vue sur Prague avant d’aller au palais Lobkowicz, dixit notre guide la plus ancienne et la plus riche collection d’art du pays, trois Routard, cela ne se rate pas !
Si l’on fait abstraction des innombrables portraits de famille, d’un Cranach et d’un Velasquez, le clou est l’un des cinq tableaux de Breughel l’ancien, la Fenaison. Nouveauté pour l’époque, pas le moindre sujet religieux n’est représenté, simplement la vie de tous les jours. A l’origine, six tableaux couvraient un cycle sur une année entière, deux mois par tableau. Un a disparu, trois autres sont au Kunsthistorisches Museum de Vienne et un dernier au MET de New York.
Malgré ce tableau, le Routard a un peu fumé la moquette dans son appréciation ! Bien sûr, il y a aussi la partition originale de la Symphonie héroïque de Beethoven et celle du Messie de Haendel annotée par Mozart. J’oubliais deux Canaletto, dont l’un représentant les régates royales à Londres est assez étonnant, on se croirait à Venise, mais c’est bien la cathédrale St Paul qui est à l’arrière-plan et non le palais des Doges !
On se console en déjeunant sur la terrasse de la cafétéria du musée, avec une vue panoramique.
Ensuite, quelques belles pièces au musée d’histoire et une étonnante chapelle toute verticale, ornée de balcons, avec une fresque en trompe-l’œil. On passe devant le palais Schwarzenberg, à l’esthétique plutôt austère, pour se rendre à Notre-Dame de Lorette, symbole de la contre-réforme.
Au centre, la Santa Casa édifiée au début du XVIIe par des artistes italiens est la réplique de celle de Loreto. Parmi les pièces du trésor exposées, le clou est le « Soleil de Prague », un ostensoir orné de pas moins de 6 222 diamants… Ils ornaient la robe de mariée de la comtesse Ludmila Kolowrat qui en fit don au monastère. En 2011, lors de travaux, des peintures murales baroques uniques, représentant la Mort et la Résurrection – symboles de la fragilité et de la fugacité de l’existence humaine – ont été découvertes dans la crypte. Datant de 1664 elles n’utilisent que des nuances de noir et de gris. La principale scène, représentant la Résurrection de Lazare, est inspirée de la célèbre gravure de Rembrandt.
On redescend vers Mala Strana par la bucolique rue Vlasšká au milieu de vergers et de vignes où de petits lièvres s’ébattent, histoire de ne pas rater une autre œuvre de David Černý, une Trabant à jambes juchée dans le jardin de l’ambassade d’Allemagne.
Devant le palais Liechtenstein, ce ne sont pas d’originaux parcmètres qui sont alignés, mais la représentation symbolique des 27 protestants décapités sur ordre des Liechenstein.
Petit tour dans les ruelles de Mala Strana au soleil couchant, on voit le palais de l’Ordre de Malte et on ne rate pas le mur John Lennon devant l’ambassade de France, symbole de la contestation sous l’ancien régime communiste.
On termine la journée par la visite de l’église St-Nicolas suivie d’un concert d’orgue. Encore du baroque exubérant, fruit de la Contre-Réforme.
Les rayons du soleil couchant à travers un vitrail illuminent successivement les angelots de la chaire, St Cyrille – qui tient en respect le mal avec sa crosse – pour finir sur St Nicolas, c’est bien calculé ! Au programme, Bach, Buxtehude et des compositeurs moins connus, du moins pour nous, comme Kuchař, Černohorský, Muffat ou Seger. Mais ce n’est pas chauffé et on se gèle !
Retour via le pont Charles, plus de 21 000 pas au compteur…
Les photos sont ici.