Mucha et le cheval sens dessus-dessous de Venceslas

Vendredi 5 avril 2019

Musée Mucha – place Venceslas – ND des Neiges – St Gilles

 Avant de quitter Prague, un petit tour au musée Mucha s’impose. Un peu déçus par rapport à la belle expo vue en novembre dernier au musée du Luxembourg, malgré une intéressante video retraçant sa vie. Par contre, outre la Maison municipale d’hier, on peut voir d’autres de ses réalisations, comme sa belle mosaïque printanière décorant l’immeuble Art nouveau U Novákú.

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On achève notre visite approfondie de Prague par les environs de la place Venceslas, avec notamment le Grand Hotel Europa, la maison Wiehl, sans rater une dernière œuvre de David Černý toujours aussi iconoclaste. Elle représente St Venceslas, patron de Prague et 4e souverain tchèque, chevauchant la panse d’un cheval a priori mort, pendant de la statue équestre du même saint qui orne le haut de la place portant son nom.

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Quant au restaurant Vytopna Railway, il a dû être créé par un amateur de petits trains électriques, chaque table possède son propre embranchement où les plats sont acheminés par des wagons… Gare au déraillement !

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On repasse par la vieille ville, on sent bien que la saison touristique démarre, le nombre de touristes augmente de jour en jour. On admire au passage Notre-Dame des Neiges, Charles IV voulait en faire une imposante cathédrale, mais à cause des guerres hussites seul son chœur fut achevé, 34 m de hauteur, abritant un immense autel baroque.

Déjeuner au restaurant italien Alriso à côté de chez nous, qui nous a servi de consigne à bagages et avant de reprendre métro et bus pour gagner l’aéroport, dernier coup d’œil à l’église St Gilles qui est ouverte. Outre le baroque habituel, curieuse statue de St Martin de Porrès. Ce frère dominicain mulâtre et péruvien était réputé pour son amour des animaux et sa vie humble et simple, d’où le balai qu’il tient entre ses mains et les petits chien et chat à ses pieds, sans oublier la petite souris de service…

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Vol retour Vueling sur CDG, pile à l’heure et loin d’être complet, manifestement moins de Praguois viennent passer le week-end à Paris que l’inverse, d’où probablement le prix cassé de ce vol…

Les photos sont ici.

Maison municipale, Jérusalem, villages Potemkine et un ragondin pour finir…

Jeudi 4 avril 2019

Maison municipale – Synagogue de Jerusalem – St Jacques Majeur – St Nicolas – Mala Strana

 Petite balade tôt le matin pour moi, histoire de voir le lever du soleil sur le pont Charles.

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Puis, en attendant l’unique visite du jour à 10h de la Maison Municipale, on flâne un peu dans le quartier alentour, coup d’œil sur l’hôtel Paříž et au Sarah Bernhardt, son restaurant Art nouveau ainsi qu’à quelques immeubles au style plus épuré, dit Sécession. On ne rate pas la tour poudrière, bien noire, datant du XIVe et qui au XVIIIe, ayant perdu son caractère défensif, abrita un dépôt de munitions, d’où son nom. C’est l’un des derniers vestiges des remparts de la vieille ville.

Edifiée entre 1905 et 1912, la Maison municipale marie l’Art nouveau aux influences néobaroques. Elle réunit une salle de concerts dédiée à Smetana, des salles de réception et d’exposition, un café, un restaurant et même un dancing au sous-sol. Mucha a participé à sa décoration et la salle du Maire a été entièrement conçue et réalisée par lui dans les moindres détails, y compris les broderies des rideaux !

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Quant à la fresque du plafond, les ailes d’un faucon protègent toute la communauté slave. Les lustres sont remarquables et la plupart des pièces sont restées dans leur état d’origine, comme ce joli petit salon de thé/fumoir…

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La synagogue de Jérusalem quant à elle combine Art nouveau et style néo-mauresque, le résultat est assez étonnant et de plus unique… J’ai dû insister un peu vis-à-vis de Paulette qui avait sa dose de synagogues…

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Déjeuner en terrasse à la pizzeria Vabene qui porte bien son nom, la pizza est bonne tout comme le tiramisu. Elle est située dans la jolie et tranquille Ungelt, aussi appelée Cour de Týn, bordée de vieilles maisons qui autrefois servaient d’entrepôts et de douane pour les marchands de passage, ce qui ne gâche rien…

Tout à côté, on admire ensuite la vaste nef de Saint-Jacques Majeur entièrement couverte de fresques.

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Comme dans bien d’autres églises de Prague chaque pilier est décoré d’un autel baroque. Un Christ a l’air de trouver tout cela un peu ennuyeux quand même…

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En passant devant St Nicolas, qui donne sur la place de la vieille ville, comme elle est ouverte, on décide d’y jeter un rapide coup d’œil malgré son unique Routard. On y restera près d’une heure, scotchés par les Hopewell Valley Chamber Singers, une chorale d’étudiants du New Jersey qui y donnent un unique récital. Interprétation magistrale, de vrais pros ! De loin notre meilleur concert à Prague.

Un coup de tram 22 – là on est devenus très bons sur le réseau de trams – nous mène à l’église St Thomas, dans le bas de Mala Strana, qui persiste à être fermée. On le reprend jusqu’à l’église St Jean Népomucène et le palais Martinic, tous deux fermés mais on peut admirer l’extérieur. Un dernier tour dans Kampa, pour une fois un selfie avec l’un des gros bébés de David Cerný et on franchit encore une fois le pont Charles. Auparavant, petit détour pour admirer une curiosité locale, une ruelle si étroite que le passage est commandé par des feux rouges !

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Coup d’œil à St Francois d’Assise et – juste à côté de notre appartement – comme elle encore ouverte, on pousse la porte de la galerie Fotographic. Belle exposition du photographe Gregor Sailer qui est présent ce jour, consacrée aux « villages Potemkine ». Grigori Potemkine, ministre de l’impératrice Catherine II, lors de la visite de celle-ci en Crimée en 1787, aurait fait ériger de luxueuses façades à base de carton-pâte afin de masquer la pauvreté des villages. Là, Gregor Sailer a photographié d’autres types de villages Potemkine, dans les domaines militaires, économiques ou politiques. On y voit aussi bien des répliques de villages afghans en plein désert Mojave pour l’entraînement des Marines ou de villages français pour entraîner nos commandos du Raid à mater les émeutes urbaines, qu’un faux village conçu par Volvo pour tester des véhicules autonomes ou que des répliques chinoises de villes allemandes ou hollandaises. Etonnantes photos, plus sur www.gregorsailer.com 

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Je profite du soleil couchant pour faire quelques photos des beaux immeubles néo-baroques ou Art-nouveau de l’avenue Masarykovo nábřeži.

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En revenant, pas loin du pont Charles, un ragondin prend tout son temps pour faire sa toilette en plein cœur de Prague !

Les photos sont ici.

De Mucha à John Lennon via une Trabant à jambes et de curieux parcmètres…

Mercredi 3 avril 2019

Cathédrale St Guy- ancien palais Royal et quartier d’Hradčany – St-Nicolas

Un coup de tramway et un peu de marche à pied – car l’on n’a pas pris le bon tram – nous mènent jusqu’au sommet de la colline d’Hradčany, à l’entrée du château royal. On débute par la cathédrale St Guy, dont la construction débuta en 1344 sous le règne de Charles IV. Suite aux guerres hussites et au pillage des Calvinistes, les travaux pour son achèvement ne reprirent qu’en 1861 pour se terminer en 1929, ce qui permit à Mucha de l’orner d’un superbe vitrail.

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Parmi les autres curiosités notables, un retable en bois réalisé en 1625 illustrant la fuite de Prague de Friedrich de Platz devant les Habsbourg, avec le pont Charles embouteillé par l’exode de ses habitants.

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Il y a aussi la chapelle et le tombeau de St-Jean-Népomucène, pas moins de deux tonnes d’argent qui dégoulinent, sous un baldaquin dont les pans sont tenus par des angelots un peu grassouillets… Parmi toutes les autres chapelles, celle de Saint-Venceslas mérite le détour, elle fut édifiée en 1366 par Petr Parléř, l’architecte de la cathédrale qui succéda à son confère français, Mathias d’Arras. Tout ce qui n’est pas peint sur les murs est orné de 1500 pierres semi-précieuses, améthystes, chrysoprases, plus grosses que des pavés !

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L’autre attraction est visible de l’extérieur, c’est la porte d’Or, ainsi nommée à cause de sa mosaïque du XIVe illustrant le jugement dernier.

C’est ensuite l’ancien palais royal, le joyau étant la salle Vladislas, remarquable par ses dimensions et son plafond composé d’un lacis de nervures gothiques.

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Ensuite, la basilique St-Georges avec sa façade baroque du XVIIIe qui cache bien son jeu car elle habille une superbe église romane du Xe.

On rejoint ensuite la ruelle d’Or, une vieille rue percée au XVIe siècle pour loger les gardes du château sous l’empereur Rodolphe II. Magiciens et alchimistes ne tardèrent pas à investir aussi les lieux, Rodolphe II étant passionné d’alchimie, il rêvait de trouver la pierre philosophale, cela eût arrangé les finances du royaume. Au XXe siècle, le lieu fut prisé par les écrivains et artistes et ces maisons de poupée furent habitées jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Kafka y passa l’hiver 1916-17 à écrire Un médecin de campagne.

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Point de vue sur Prague avant d’aller au palais Lobkowicz, dixit notre guide la plus ancienne et la plus riche collection d’art du pays, trois Routard, cela ne se rate pas !

Si l’on fait abstraction des innombrables portraits de famille, d’un Cranach et d’un Velasquez, le clou est l’un des cinq tableaux de Breughel l’ancien, la Fenaison. Nouveauté pour l’époque, pas le moindre sujet religieux n’est représenté, simplement la vie de tous les jours. A l’origine, six tableaux couvraient un cycle sur une année entière, deux mois par tableau. Un a disparu, trois autres sont au Kunsthistorisches Museum de Vienne et un dernier au MET de New York.

horizontal_big_800*576_1-IMG_8604Malgré ce  tableau, le Routard a un peu fumé la moquette dans son appréciation ! Bien sûr, il y a aussi la partition originale de la Symphonie héroïque de Beethoven et celle du Messie de Haendel annotée par Mozart. J’oubliais deux Canaletto, dont l’un représentant les régates royales à Londres est assez étonnant, on se croirait à Venise, mais c’est bien la cathédrale St Paul qui est à l’arrière-plan et non le palais des Doges !

On se console en déjeunant sur la terrasse de la cafétéria du musée, avec une vue panoramique.

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Ensuite, quelques belles pièces au musée d’histoire et une étonnante chapelle toute verticale, ornée de balcons, avec une fresque en trompe-l’œil. On passe devant le palais Schwarzenberg, à l’esthétique plutôt austère, pour se rendre à Notre-Dame de Lorette, symbole de la contre-réforme.

Au centre, la Santa Casa édifiée au début du XVIIe par des artistes italiens est la réplique de celle de Loreto. Parmi les pièces du trésor exposées, le clou est le « Soleil de Prague », un ostensoir orné de pas moins de 6 222 diamants… Ils ornaient la robe de mariée de la comtesse Ludmila Kolowrat qui en fit don au monastère. En 2011, lors de travaux, des peintures murales baroques uniques, représentant la Mort et la Résurrection – symboles de la fragilité et de la fugacité de l’existence humaine – ont été découvertes dans la crypte. Datant de 1664 elles n’utilisent  que des nuances de noir et de gris. La principale scène, représentant la Résurrection de Lazare, est inspirée de la célèbre gravure de Rembrandt.

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On redescend vers Mala Strana par la bucolique rue Vlasšká au milieu de vergers et de vignes où de petits lièvres s’ébattent, histoire de ne pas rater une autre œuvre de David Černý, une Trabant à jambes juchée dans le jardin de l’ambassade d’Allemagne.

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Devant le palais Liechtenstein, ce ne sont pas d’originaux parcmètres qui sont alignés, mais la représentation symbolique des 27 protestants décapités sur ordre des Liechenstein.

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Petit tour dans les ruelles de Mala Strana au soleil couchant, on voit le palais de l’Ordre de Malte et on ne rate pas le mur John Lennon devant l’ambassade de France, symbole de la contestation sous l’ancien régime communiste.

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On termine la journée par la visite de l’église St-Nicolas suivie d’un concert d’orgue. Encore du baroque exubérant, fruit de la Contre-Réforme.

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Les rayons du soleil couchant à travers un vitrail illuminent successivement les angelots de la chaire, St Cyrille – qui tient en respect le mal avec sa crosse – pour finir sur St Nicolas, c’est bien calculé ! Au programme, Bach, Buxtehude et des compositeurs moins connus, du moins pour nous, comme Kuchař, Černohorský, Muffat ou Seger. Mais ce n’est pas chauffé et on se gèle !

Retour via le pont Charles, plus de 21 000 pas au compteur…

Les photos sont ici.

Une basilique Art nouveau, une église baladeuse et le « bichon » un peu spécial de Sainte Marguerite

Mardi 2 avril 2019

Basilique St Pierre & St Paul, église de l’Archange St Michel et couvent de Sainte Agnès

Un coup de tramway nous mène au pied de la colline de Vyšehrad, berceau du pouvoir tchèque avec la dynastie des Přemyslides, qui régna aux XIe et XIIe siècles, mais il ne reste plus grand-chose du palais roman de Vratislav II, édifié au XIe siècle.

Par contre, la basilique romane de St Pierre et St Paul qu’il fonda, édifiée en 1070, est toujours là, bien qu’elle ait été profondément remaniée au fil des siècles. Elle n’a droit qu’à un Routard, ce que l’on trouve un peu sévère car son intérieur décoré au début du siècle dernier en style Art nouveau, très inspiré par Mucha, mérite vraiment le détour.

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L’éclairage par contre gagnerait à être amélioré. On ne trouve pas non plus que la vue depuis la colline soit une des plus belles vues qu’on puisse avoir sur la Vltava. Dans un bras mort de la Vltava, on découvre un petit port de plaisance un peu incongru, le bassin de croisière étant plutôt restreint. On zappe le cimetière de Vyšehrad, le Père-Lachaise local où les célébrités tchèques ont leur dernière demeure. On rate les « maisons cubistes » signalées par le Routard au pied de la colline, manifestement on est passé devant sans remarquer leur côté « cubiste ».

On rejoint ensuite le funiculaire de Petřín en passant devant le mémorial aux victimes du communisme, série de statues en bronze un peu à la Giacometti descendant des marches, de plus en plus incomplètes, illustrant la déstructuration progressive de l’individu par ce système totalitaire. On redescend la colline éponyme via les jardins Kinsky à la recherche de l’église de l ‘Archange Saint-Michel, dont on a pu repérer la position grâce à Maps.me.

Edifiée au XVIIe siècle dans le style bojkov, toute en bois, en 1793 elle fut vendue par les paroissiens de Velhé Loučky à Medvedovce, un village voisin plus riche et plus grand !

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En 1929, elle fut à nouveau démontée et offerte à la ville de Prague par le gouverneur de la Ruthénie, une province des Carpates dépendant alors de Prague, comme témoignage de l’architecture typique de cette région. La clocher le plus haut se situe juste au-dessus de la zone réservée aux femmes, nommée en langage populaire « la cour des nanas »…

On est seuls pour admirer ce petit bijou, il faut déjà le trouver !

Déjeuner à U dvou Srdci dans Mala Strana, pas loin du musée Franz Kafka où dans la cour, David Černý a encore frappé, deux statues d’hommes arrosent avec leurs « kikis » articulés un bassin qui a la forme du pays… En France, on aurait eu droit à des cris d’orfraie…

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On rejoint ensuite le couvent de Sainte Agnès. Ce n’est pas tant l’architecture de ce couvent de clarisses édifié au XIIIe siècle qui est intéressante, que son exceptionnelle collection d’art médiéval avec des œuvres allant du XIIe au XIVe siècle. Le musée a été récemment rénové, la présentation est superbe, les cartels passionnants replacent chaque œuvre dans son contexte, et cerise sur le gâteau, il n’y a quasiment personne !

On y retrouve l’original de la Madone de Vyšehrad, et comme diraient certains, on préfère l’original à la copie ! Quant à la Madone de Strakonice, ce n’est pas un hasard si son sourire fait penser à celui de Reims. On admire en particulier des tableaux du maître de Vyšší Brod, du nom du monastère cistercien financé par Pierre 1er de Rosenberg – qui apparaît sur la toile de la Nativité, offrant une église au Christ. Dans la Résurrection, notez les trois Maries apportant la myrrhe pour embaumer le corps du Christ.

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Les œuvres de Theodoricus proviennent pour la plupart de la chapelle de la Sainte-Croix du château de Karlštejn, où étaient conservés les joyaux de la couronne, et dont les murs sont eux-mêmes incrustés de pierres précieuses. 130 tableaux représentant des Saints « protégeaient » les joyaux. En effet, quel voleur aurait osé porter la main sur les images des Saints pour atteindre les pierres ? Quant au maître de Trébon, il tire son nom du couvent d’Augustin de Trebon qu’il décora. Notez le petit « bichon » un peu particulier de Sainte Marguerite !

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Le maître de Rajhrad illustre entre autres l’épisode où Saint Jacques libère le magicien Hermogène, son détracteur, et lui donne son bâton afin de le protéger des démons.

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Dans sa Crucifixion, notez le destin différent des âmes du bon et du mauvais larron, récupérées l’une par un ange, l’autre par un démon. Les artistes médiévaux n’hésitaient pas à représenter l’âme s’échappant de la bouche du mourant par… son « contraire » ou du moins son « Autre » : un petit corps nu qui monte vers le ciel.

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La trogne de Saint Nicolas, un Cranach l’Ancien, la Mort de l’autel de Zlichov, les chefs d’œuvres se succèdent, on fait la « fermeture »…

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On repasse ensuite à côté de la synagogue espagnole voir la petite expo consacrée à Jaroslav Róna, l’auteur de la statue toute proche de Kafka. Là, outre quelques belles sculptures, toute une série de petits dessins à l’encre noire est exposée, j’aime bien celui intitulé « dialogue » entre un singe et un certain Adolf…

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Retour en flânant via la vieille ville, la place du vieil hôtel de ville se pare de décorations pour les fêtes de Pâques, avec les incontournables baraques à frites associées, il était temps de la voir sans tout ce fatras…

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Les photos sont ici. 

Os en pagaille et Freud s’envoie en l’air…

Lundi 1er avril 2019

Kutna Hora

 50’ de train rapide nous mènent à Kutna Hora, à 80 km au sud-est de Prague. En prenant nos billets, vu le prix – 110 Kr, soit 4,2 € pour deux – je demande confirmation à l’employé qu’on a bien acheté un AR ! Ce n’est pas cela qui grèvera nos finances ! En fait, vu notre âge on ne paie que 10 % du prix…

Kutna Hora, classée au patrimoine mondial, fut trois siècles durant, entre le XIIIe et le XVIe siècle le centre économique de la Bohême grâce à ses mines d’argent et rivalisa avec Prague.

On débute la visite par la chapelle de Tous-les-Saints à Sedlec, à quelques kilomètres de Kutna Hora, pas loin de la gare. En l’an 1142, ce n’était que l’humble chapelle d’un monastère cistercien jusqu’à ce qu’en 1278 un abbé de retour de Palestine répande dans son cimetière un peu de terre ramenée du Golgotha. Même sans Facebook, gros buzz immédiat et le cimetière devint célèbre dans toute l’Europe, il est du plus grand chic de s’y faire enterrer.

A cet engouement, la peste de 1318 rajoute à elle seule pas moins de 30 000 corps. En 1511 un moine presque aveugle entreprend de rassembler os et crânes en formant six pyramides et deux siècles plus tard, lors d’une restauration de la chapelle, un certain Jan Blažej décide de disposer « artistiquement » tous ces ossements…

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Visite ensuite de l’imposante cathédrale de l’Assomption de Notre-Dame et de Saint-Jean-Baptiste, qui fait le pendant au monastère cistercien. Elle est maintenant démesurée et détone au milieu du petit village de Sedlec. Quant à son intérieur, il est pour le moins dépouillé et seul un bel ostensoir a survécu aux divers pillages qui eurent lieu au cours des siècles.

Petite marche de 3 km jusqu’à Kutna Hora, on a raté un bus et le prochain n’est pas avant 1h30… On diverge un peu avec le Routard qui préconise de prévoir une nuit sur place tant il y a de choses à voir.

Après avoir dégusté une excellente truite et un pancake aux myrtilles, on a vite fait le tour du centre-ville et une fois vus la maison de pierre et la belle fontaine gothique,

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il reste surtout une autre cathédrale, Sainte-Barbe. Sa construction débutée en 1388 dura 170 ans et la dernière et récente rénovation lui a redonné sa belle et originale toiture d’origine, pour la modique somme de 55 millions d’euros.

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Des fresques médiévales bien conservées illustrent mineurs et monnayeurs et ce n’est pas un hasard si elle est dédiée à Sainte-Barbe, patronne des métiers de la mine et du feu.

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La visite du château est rapide, il est fermé pour restauration, on peut juste admirer la cour des Italiens, en travaux…

Retour à Prague, on a un peu l’impression d’avoir remonté le temps avec les wagons à compartiments, semblables à ceux de notre SNCF il y a quelques décennies. Mais au moins les trains sont pile à l’heure ici… De retour à Prague, on retrouve Freud au soleil couchant, toujours pendu par un bras à deux pâtés de maison de chez nous, encore un coup de David Černý.

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Les photos sont ici.

Troja et le vol plané du Grand Vizir, Veletržni palác et un foetus dans la gouttière…

Dimanche 31 mars 2019

Château de Troja – Eglise du Sacré-Cœur – Tour TV – Galerie Nationale d’Art Moderne

 Métro et bus nous mènent rapidement au nord de Prague, au château de Troja. Le comte Venceslas Sternberg le construisit à la fin du XVIIe siècle en s’inspirant des villas romaines Renaissance qu’il avait tant appréciées lors de ses voyages en Italie.

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Le clou de la visite est la salle principale, avec une immense fresque peinte en trompe-l’œil à la gloire de la dynastie des Habsbourg, où chaque membre est vêtu à l’Antique. L’actualité toute récente (à l’époque !) est présente, notamment la défaite des Turcs devant Vienne en 1683. Notez le regard noir que lance le Grand Vizir Kara Mustapha à l’empereur Léopold Ier qui triomphe sur son char romain entouré de captifs turcs !

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Des salles chinoises reflètent le goût de l’époque pour les « chinoiseries ». Bien qu’on soit dimanche, on a le château pour nous seuls, le Zoo juste en face a plus de succès !

Retour à Prague pour voir l’église du Sacré-Cœur, comme dit le Routard on adore ou on déteste, mais les 2 Routards attribués sont bien généreux. Son horloge géante fait plutôt penser à un hall de gare. Bref, que ce soit à Paris ou à Prague, ce n’est pas une réussite. Sur le chemin du Lavicka, un restaurant recommandé par le Routard, on peut admirer d’autres bébés de David Černý, qui cette fois escaladent la tour de l’émetteur TV.

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Dernier legs du gouvernement communiste, édifiée entre 1985 et 1992, son style futuriste n’a pas trop mal vieilli et les gros bébés de Černý s’intègrent parfaitement. Ils sont censés représenter la victoire de la technologie sur l’homme…

Après s’être repus au Lavicka d’un « genou de porc », un plat traditionnel ici, on repart vers le nord et la galerie nationale d’Art moderne. L’ancien bâtiment au style « fonctionnaliste » datant de 1920 et servant aux expos industrielles, le Veletržni palác, a été rénové et abrite maintenant les collections contemporaines de peinture et sculptures.

Le bâtiment en lui-même ne laisse pas indifférent, il y a de la place pour les expos. Au RdC, le grand hall permet à une peintre allemande d’exposer ses immenses toiles colorées.

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Jusqu’à il y a peu, l’endroit abritait les 20 grandes toiles de l’épopée slave de Mucha, maintenant en tournée mondiale en attendant de rejoindre leur lieu définitif d’exposition, l’ancien musée lapidaire, à l’abandon depuis des décennies et en cours de rénovation. L’ascenseur nous mène ensuite tout en haut, on débute par 400 Asa, superbe expo d’un collectif de photographes sur les pays de l’Est, la tonalité générale n’est pas très gaie. On descend, la section d’art français consacrée aux XIXe et XXe siècles comporte peu d’œuvres mais elles sont loin d’être mineures et surtout on découvre aussi les peintres et sculpteurs locaux qui tiennent la route.

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Comme le tout est très bien exposé et que ce ne sont pas les rares visiteurs qui nous gênent, on y reste jusqu’à la fermeture…

Le soir, petit tour de Prague by night pour moi, Paulette trouve que les 20 000 pas de la journée sont suffisants…

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Juste au coin de notre rue, David Černý, toujours lui, a détourné une gouttière, y faisant figurer en son milieu un fœtus…

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Les photos sont ici.

Kafka n’en fait qu’à sa tête, des pingouins au pont Charles et lithotomie à Strahov

Samedi 30 mars 2019

De Kafka aux bibliothèques de Strahov en passant par les pingouins du pont Charles

Cap au sud, on débute la journée par la tête de Kafka, une œuvre géniale de David Černý. Composée de 42 strates d’acier inoxydable qui pivotent, 39 t au total, elle illustre sur un cycle d’une dizaine de minutes divers profils du célèbre écrivain.

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On poursuit vers l’hôtel de ville de la ville nouvelle, qui, comme son homologue de la vieille ville, date lui-aussi du XIVe siècle, avant de gagner via des jardins l’église St Ignace de Loyola au bel intérieur baroque avec une chaire qui croule sous les dorures.

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L’église Saints Cyrille et Méthode, baroque elle aussi, est consacrée au rite orthodoxe byzantin. Mais pour les Tchèques, c’est surtout une page héroïque de leur histoire, encore très sensible. C’est en effet dans sa crypte que finirent par se réfugier les résistants qui avaient perpétré un attentat en 1942 contre Reinhard Heydrich, le redoutable Reichsprotektor (gouverneur) de Bohême-Moravie surnommé le « boucher de Prague ». Dénoncés par un traître, les hommes du commando parachutés depuis Londres sont tués ou se suicident dans la crypte juste avant d’être capturés. Il fallut 5 h à 800 SS pour en venir à bout…

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Auparavant, les Nazis avaient exterminé la population de Lidice, version tchèque d’Oradour-sur-Glane, sous prétexte que l’un des conjurés en était originaire, puis ils rasèrent un autre village, Ležáky, histoire de faire bonne mesure. Hitler, fou furieux, envisageait alors d’exterminer tous les Tchèques, mais limita les représailles à l’exécution de 5000 personnes car ses généraux lui firent remarquer que cela compromettrait l’activité industrielle du pays, essentielle pour l’armée allemande. A noter que conscient de ce risque, l’opération fut annulée mais l’ordre ne parvint pas à temps au commando. Intéressante expo dans la crypte qui retrace l’opération Anthropoid.

Au bord de la Vltava, on admire ensuite les maisons dansantes de Franck Gehry avant de revenir vers le pont Legil tout en admirant les beaux immeubles néo-baroques ou Art-nouveau de l’avenue Masarykovo nábřeži. On se pose un moment dans le jardin de la petite île de Strelecký ostrov, au milieu du pont. Le temps est radieux – il le restera jusqu’à la fin de notre séjour – et de vieilles décapotables tiennent compagnie aux cygnes sur la Vltava.

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Déjeuner en plein air près du musée Kampa, avec vue imprenable sur le pont Charles,

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un peu plus loin il y a même une rangée de pingouins jaunes et tout à côté, trois nourrissons géants en bronze, à quatre pattes, dont le visage est remplacé par une puce informatique, une autre œuvre de David Černý.

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Visite du musée, consacré à des expos d’art contemporain, avec notamment de belles sculptures de Gutfreund et des toiles de Kupka.

Un petit coup de funiculaire nous mène à Petřín, en haut de la colline éponyme, et on traverse les jardins jusqu’au monastère de Strahov, où l’on peut admirer deux superbes bibliothèques, la salle philosophique et la salle théologique avec sa roue de compilation servant aux copistes pour travailler sur plusieurs livres en même temps.

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Toutes deux sont décorées de fresques et abritent de vénérables ouvrages, dont l’évangile de Strahov, datant de l’an 860, clou d’une petite expo jouxtant un cabinet de curiosités de l’époque.

On enchaîne ensuite sur la galerie Strahov, on est seuls pour admirer quelques belles œuvres, dont Judith avec la tête d’Holopherne par Cranach ou une curieuse lithotomie par Jérôme Bosch qui est le pendant de son tableau du Prado. Pour les ignares, la lithotomie c’est l’excision de la pierre de folie…

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La lithotomie, connue depuis la fin de l’Antiquité et Galien, consiste à ouvrir le crâne via une trépanation pour extraire « la méchante pierre du haut mal ». Dès 900, le médecin perse Rhazès dénonce cette manière d’agir : « Certains guérisseurs prétendent guérir le haut mal et font une ouverture en forme de croix sur la partie arrière du crâne et font croire à l’extraction d’une chose, qu’ils tenaient dans leur main précédemment…! » Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, des « tailleurs de pierre », appartenant à la guilde des barbiers et qui se faisaient passer pour des professionnels expérimentés, continuèrent à exercer. Ils parcouraient les pays et par charlatanisme, magie noire et fortes suggestions ils gagnèrent beaucoup d’argent chez les superstitieux ! Etonnant… Il y a aussi quelques curiosités comme de rares peintures sur nacres, dont pourraient s’inspirer les élèves du centre de gravure de Mangareva pour diversifier leur production ! On termine par quelques ostensoirs et un Christ en Y du XIVe siècle, en lignum vitae, tel un arbre, symbolisant la poursuite de la vie après la mort.

On redescend par les belles rues Úvoz et Nerudova, bordées de vieilles maisons dont les enseignes trahissent leur ancienne fonction, jusqu’au bas de Mala Strana.

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Là on flâne un peu – notamment autour de la charmante place Na Kampě – avant de regagner la vieille ville et nos pénates via le pont Charles. Un peu plus de 21 500 pas au compteur, quand même…

Les photos sont ici.

Josefov et ses synagogues

Vendredi 29 mars 2019

Pont Charles – synagogues – Art Nouveau et chapelle des miroirs

On se met en jambes avec un petit AR sur le pont Charles, trait d’union entre la vieille ville et le quartier de Malá Strana, dominé par le château royal. Edifié par Charles IV en 1357, il remplaça l’ancien pont en bois emporté en 1342 lors d’une crue de la Vltava, alias la Moldau en allemand… Les statues sont bien noires, on ne distingue plus rien, l’une d’elles vient d’être ravalée et on voit la différence…

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On revient ensuite dans la vieille ville, passage au Rudolfinum, salle de concert, mais aucun ne nous tente. On embraye sur un programme qui passionne Paulette, le quartier Josefov, ce qui reste de la vieille ville juive avec son cimetière et moult synagogues. La synagogue Pinkas a été transformée en mémorial, ses murs portent les noms des 80 000 juifs tchèques déportés, notamment à Terezin, une ancienne forteresse militaire antichambre des camps d’extermination. Petite expo sur le camp de Terezin, qui servait de vitrine aux nazis pour les visites des délégués de la Croix-Rouge, pour leur prouver que tout ce qu’on pouvait raconter sur les camps de concentration n’était que des fake news comme on dirait maintenant. Beaucoup furent déportés sur Auschwitz mais on estime que 33 000 périrent à Terezin, notamment à cause de la faim, du froid et d’épidémies de typhus à répétition… Le cimetière juif quant à lui évoque bien, dixit le Routard, un désordre inouï. La religion juive interdisant de toucher à une tombe, ce ne sont pas moins de 5 à 12 couches de sépultures qui se sont empilées là durant trois siècles dans un déséquilibre total. Pas vraiment sympa pour ceux du dessous !

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L’ancienne salle des cérémonies à la sortie présente tout le rituel lié aux funérailles, bon, pour des agnostiques comme nous on passe assez vite et on enchaîne sur la deuxième synagogue, Klausen. Cette dernière abrite un musée recréant la vie dans le ghetto et les coutumes religieuses, paradoxalement pas mal d’objets anciens ont été conservés malgré les occupants nazis, ces derniers souhaitant transformer la synagogue en musée des races disparues. A voir le nombre de kippas qui nous entourent, c’est plus que raté !

Déjeuner au restaurant Krčma, salle en sous-sol au décor médiéval avec grosses tables en rondins et cuisine locale roborative ! Au vu du menu, on se dit que les k, z et y ne doivent pas valoir grand-chose au Scrabble local…

Impitoyable, pas découragé par le peu de valeur esthétique ou d’intérêt de ce qu’on a vu dans la matinée (dixit Paulette), j’argumente ensuite pour la synagogue Maïsel à deux pas de notre restaurant. Datant du XVIe mais remaniée au XIXe en néogothique, ce n’est pas tant son architecture qui est intéressante que le musée qu’elle abrite et qui retrace la vie des Juifs de Bohême-Moravie du Xe au XVIIIe siècle, très bien fait avec une video 3D de la maquette de l’ancien ghetto et ses petites maisons. Coup d’œil à l’ancien hôtel de ville juif, et pour finir, visite de la synagogue espagnole, la plus originale, au style néo-mauresque. Là aussi, une expo qui complète celle du Maïsel, retraçant la vie des Juifs de Bohême-Moravie du XVIIIe siècle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. On devient assez bons sur le sujet…

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Tout à côté, une statue de Franz Kafka par Jaroslav Róna évoque bien l’auteur et son œuvre, petit personnage juché sur les épaules d’un grand et lourd corps sans tête, absurde…

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On flâne ensuite rue Pařižská en admirant les superbes édifices Art Nouveau bâtis entre 1896 et 1912 lorsque des émules d’Hausmann décidèrent d’édifier de grandes avenues pour « assainir » le ghetto jugé insalubre, avec son entassement de petites maisons surpeuplées. Il faut lever la tête pour ne rien rater des sculptures et décors de ces beaux immeubles.

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C’est l’avenue la plus cotée de Prague, repaire des stars du show-bizz, des patrons du CAC 40 local et des footeux. Au pied des immeubles, on a une collection de Jaguar, Ferrari, Range-Rover, Mercédès, Audi, les quelques BMW finissent par détonner un peu…

Visite de Notre-Dame de Tyn avant de rejoindre ensuite le Klementinum et sa Chapelle des miroirs pour le concert réservé hier. Totalement baroque (et chauffée, ce qui ne gâte rien !), c’est un superbe cadre que Mozart a pu apprécier en jouant du petit orgue qui surplombe l’entrée.

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La soprano tient la route pour l’Ave Maria de Gounod ou l’Alleluja de Mozart. Bien sûr, on ne coupe pas à deux morceaux des Quatre Saisons de Vivaldi, qui semble un incontournable à Prague. Petit pot-pourri donc, complété par des morceaux de Charpentier, Pachelbel, Bach et les gloires locales : Dvořák et évidemment Smetana avec la Moldau. Un petit chocolat chaud puis courses dans le grand Tesco déniché rue Národni, avec en prime une caissière toute contente de parler français.

Les photos sont ici.

Prague, Clementinum & Staromĕstké námĕstí et des Tchèques sans provisions…

Jeudi 28 mars 2019

Paris- Prague

 Un vol Vueling depuis CDG nous amène à Prague à 12h20, 92 € par personne l’AR, 3 fois moins cher que le train et surtout 1h30 contre une quinzaine d’heures avec 2 changements, difficile d’être écolo à tout prix !

Bus et métro jusqu’au centre-ville, gratuit pour les plus de 70 ans, il suffit juste d’avoir sa carte d’identité sur soi pour pouvoir prouver son âge en cas de contrôle.

On se rend au Clementinum, à deux pas de notre logement et avant d’embrayer sur la visite guidée, on dépose nos bagages dans un petit bureau à côté de la caisse, ce genre de manip ne doit plus être possible en pleine saison…

Immense collège fondé au XVIe siècle, l’édifice actuel date de 1653 et fut édifié par les Jésuites.

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On y voit la bibliothèque baroque, parqués à l’entrée derrière une barrière pour une raison de conservation des vénérables ouvrages, et on grimpe les 172 marches d’un escalier en bois étroit et raide pour accéder à la tour astronomique en passant par un petit musée consacré à l’astronomie et à la physique, avec Tycho Brahé et Kepler comme vedettes locales.

Beau points de vue à 360° sur Prague depuis le sommet de la tour, malgré le temps couvert. On prend des billets pour un concert le lendemain soir dans la chapelle des Miroirs, ce qui permettra de la voir.

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On rejoint ensuite Staromĕstké námĕstí, autrement dit la place de la vieille ville juste à temps pour voir sur le coup de 16h l’horloge astronomique s’animer. Datant de 1410, c’est la plus ancienne d’Europe, avec son mécanisme d’origine. A l’heure ronde, le squelette symbolisant la Mort agite son sablier et tire la cloche de la tourelle, l’avare agite sa bourse et les 12 apôtres défilent devant les 2 petites fenêtres.

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Le Turc fait « non » de la tête, il représente la peur, car durant plusieurs siècles l’Europe centrale redouta l’invasion ottomane. Cela a laissé des traces, surtout en Hongrie, avec Orban qui refuse le moindre migrant musulman…

On en profite pour visiter l’Hôtel de Ville. Du haut de sa tour c’est un autre point de vue, pas de marches mais un ascenseur ! Puis la chapelle avec en prime la vue des 12 apôtres de l’horloge depuis l’intérieur et une succession de salles historiques avec armoiries de la ville et des corporations. On enchaîne sur la visite guidée des souterrains romans, le guide raconte moult anecdotes qui doivent être intéressantes mais on a de la perte en ligne à cause de son débit infernal et de son fort accent…

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Petit chocolat chaud ensuite, il crachine vaguement et je traverse la vieille ville pour récupérer les clés de notre appartement, la réception n’ouvrant qu’après 16h… Après avoir récupéré nos bagages au Klementium avant la fermeture, on rejoint nos pénates. On n’a pas pu consulter d’avis dessus, il venait tout juste d’être mis en ligne sur Booking. Comme il est moitié moins cher que tout ce que l’on a vu, on se demande quelle va être la « merde » cachée… Eh, non, il n’y en a point. 70 m2 design, au fond de la grande cour d’un ancien béguinage, avec vue sur l’église Ste Anne et des cerisiers en fleurs, calme absolu, à 180 m du Pont Charles, en plein cœur de la vieille ville.

Recherche d’un supermarché, celui indiqué par le loueur nous paraît fermé depuis un bon moment. On s’apercevra le dernier jour qu’on y accède en fait via un petit passage fort discret qu’on zappe ce soir… On finit par en trouver un  près de la place Venceslas, après avoir croisé moult Tchèques sans provisions… Petit dîner at home.

Les photos sont ici.