Mucha et le cheval sens dessus-dessous de Venceslas

Vendredi 5 avril 2019

Musée Mucha – place Venceslas – ND des Neiges – St Gilles

 Avant de quitter Prague, un petit tour au musée Mucha s’impose. Un peu déçus par rapport à la belle expo vue en novembre dernier au musée du Luxembourg, malgré une intéressante video retraçant sa vie. Par contre, outre la Maison municipale d’hier, on peut voir d’autres de ses réalisations, comme sa belle mosaïque printanière décorant l’immeuble Art nouveau U Novákú.

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On achève notre visite approfondie de Prague par les environs de la place Venceslas, avec notamment le Grand Hotel Europa, la maison Wiehl, sans rater une dernière œuvre de David Černý toujours aussi iconoclaste. Elle représente St Venceslas, patron de Prague et 4e souverain tchèque, chevauchant la panse d’un cheval a priori mort, pendant de la statue équestre du même saint qui orne le haut de la place portant son nom.

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Quant au restaurant Vytopna Railway, il a dû être créé par un amateur de petits trains électriques, chaque table possède son propre embranchement où les plats sont acheminés par des wagons… Gare au déraillement !

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On repasse par la vieille ville, on sent bien que la saison touristique démarre, le nombre de touristes augmente de jour en jour. On admire au passage Notre-Dame des Neiges, Charles IV voulait en faire une imposante cathédrale, mais à cause des guerres hussites seul son chœur fut achevé, 34 m de hauteur, abritant un immense autel baroque.

Déjeuner au restaurant italien Alriso à côté de chez nous, qui nous a servi de consigne à bagages et avant de reprendre métro et bus pour gagner l’aéroport, dernier coup d’œil à l’église St Gilles qui est ouverte. Outre le baroque habituel, curieuse statue de St Martin de Porrès. Ce frère dominicain mulâtre et péruvien était réputé pour son amour des animaux et sa vie humble et simple, d’où le balai qu’il tient entre ses mains et les petits chien et chat à ses pieds, sans oublier la petite souris de service…

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Vol retour Vueling sur CDG, pile à l’heure et loin d’être complet, manifestement moins de Praguois viennent passer le week-end à Paris que l’inverse, d’où probablement le prix cassé de ce vol…

Les photos sont ici.

Maison municipale, Jérusalem, villages Potemkine et un ragondin pour finir…

Jeudi 4 avril 2019

Maison municipale – Synagogue de Jerusalem – St Jacques Majeur – St Nicolas – Mala Strana

 Petite balade tôt le matin pour moi, histoire de voir le lever du soleil sur le pont Charles.

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Puis, en attendant l’unique visite du jour à 10h de la Maison Municipale, on flâne un peu dans le quartier alentour, coup d’œil sur l’hôtel Paříž et au Sarah Bernhardt, son restaurant Art nouveau ainsi qu’à quelques immeubles au style plus épuré, dit Sécession. On ne rate pas la tour poudrière, bien noire, datant du XIVe et qui au XVIIIe, ayant perdu son caractère défensif, abrita un dépôt de munitions, d’où son nom. C’est l’un des derniers vestiges des remparts de la vieille ville.

Edifiée entre 1905 et 1912, la Maison municipale marie l’Art nouveau aux influences néobaroques. Elle réunit une salle de concerts dédiée à Smetana, des salles de réception et d’exposition, un café, un restaurant et même un dancing au sous-sol. Mucha a participé à sa décoration et la salle du Maire a été entièrement conçue et réalisée par lui dans les moindres détails, y compris les broderies des rideaux !

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Quant à la fresque du plafond, les ailes d’un faucon protègent toute la communauté slave. Les lustres sont remarquables et la plupart des pièces sont restées dans leur état d’origine, comme ce joli petit salon de thé/fumoir…

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La synagogue de Jérusalem quant à elle combine Art nouveau et style néo-mauresque, le résultat est assez étonnant et de plus unique… J’ai dû insister un peu vis-à-vis de Paulette qui avait sa dose de synagogues…

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Déjeuner en terrasse à la pizzeria Vabene qui porte bien son nom, la pizza est bonne tout comme le tiramisu. Elle est située dans la jolie et tranquille Ungelt, aussi appelée Cour de Týn, bordée de vieilles maisons qui autrefois servaient d’entrepôts et de douane pour les marchands de passage, ce qui ne gâche rien…

Tout à côté, on admire ensuite la vaste nef de Saint-Jacques Majeur entièrement couverte de fresques.

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Comme dans bien d’autres églises de Prague chaque pilier est décoré d’un autel baroque. Un Christ a l’air de trouver tout cela un peu ennuyeux quand même…

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En passant devant St Nicolas, qui donne sur la place de la vieille ville, comme elle est ouverte, on décide d’y jeter un rapide coup d’œil malgré son unique Routard. On y restera près d’une heure, scotchés par les Hopewell Valley Chamber Singers, une chorale d’étudiants du New Jersey qui y donnent un unique récital. Interprétation magistrale, de vrais pros ! De loin notre meilleur concert à Prague.

Un coup de tram 22 – là on est devenus très bons sur le réseau de trams – nous mène à l’église St Thomas, dans le bas de Mala Strana, qui persiste à être fermée. On le reprend jusqu’à l’église St Jean Népomucène et le palais Martinic, tous deux fermés mais on peut admirer l’extérieur. Un dernier tour dans Kampa, pour une fois un selfie avec l’un des gros bébés de David Cerný et on franchit encore une fois le pont Charles. Auparavant, petit détour pour admirer une curiosité locale, une ruelle si étroite que le passage est commandé par des feux rouges !

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Coup d’œil à St Francois d’Assise et – juste à côté de notre appartement – comme elle encore ouverte, on pousse la porte de la galerie Fotographic. Belle exposition du photographe Gregor Sailer qui est présent ce jour, consacrée aux « villages Potemkine ». Grigori Potemkine, ministre de l’impératrice Catherine II, lors de la visite de celle-ci en Crimée en 1787, aurait fait ériger de luxueuses façades à base de carton-pâte afin de masquer la pauvreté des villages. Là, Gregor Sailer a photographié d’autres types de villages Potemkine, dans les domaines militaires, économiques ou politiques. On y voit aussi bien des répliques de villages afghans en plein désert Mojave pour l’entraînement des Marines ou de villages français pour entraîner nos commandos du Raid à mater les émeutes urbaines, qu’un faux village conçu par Volvo pour tester des véhicules autonomes ou que des répliques chinoises de villes allemandes ou hollandaises. Etonnantes photos, plus sur www.gregorsailer.com 

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Je profite du soleil couchant pour faire quelques photos des beaux immeubles néo-baroques ou Art-nouveau de l’avenue Masarykovo nábřeži.

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En revenant, pas loin du pont Charles, un ragondin prend tout son temps pour faire sa toilette en plein cœur de Prague !

Les photos sont ici.

De Mucha à John Lennon via une Trabant à jambes et de curieux parcmètres…

Mercredi 3 avril 2019

Cathédrale St Guy- ancien palais Royal et quartier d’Hradčany – St-Nicolas

Un coup de tramway et un peu de marche à pied – car l’on n’a pas pris le bon tram – nous mènent jusqu’au sommet de la colline d’Hradčany, à l’entrée du château royal. On débute par la cathédrale St Guy, dont la construction débuta en 1344 sous le règne de Charles IV. Suite aux guerres hussites et au pillage des Calvinistes, les travaux pour son achèvement ne reprirent qu’en 1861 pour se terminer en 1929, ce qui permit à Mucha de l’orner d’un superbe vitrail.

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Parmi les autres curiosités notables, un retable en bois réalisé en 1625 illustrant la fuite de Prague de Friedrich de Platz devant les Habsbourg, avec le pont Charles embouteillé par l’exode de ses habitants.

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Il y a aussi la chapelle et le tombeau de St-Jean-Népomucène, pas moins de deux tonnes d’argent qui dégoulinent, sous un baldaquin dont les pans sont tenus par des angelots un peu grassouillets… Parmi toutes les autres chapelles, celle de Saint-Venceslas mérite le détour, elle fut édifiée en 1366 par Petr Parléř, l’architecte de la cathédrale qui succéda à son confère français, Mathias d’Arras. Tout ce qui n’est pas peint sur les murs est orné de 1500 pierres semi-précieuses, améthystes, chrysoprases, plus grosses que des pavés !

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L’autre attraction est visible de l’extérieur, c’est la porte d’Or, ainsi nommée à cause de sa mosaïque du XIVe illustrant le jugement dernier.

C’est ensuite l’ancien palais royal, le joyau étant la salle Vladislas, remarquable par ses dimensions et son plafond composé d’un lacis de nervures gothiques.

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Ensuite, la basilique St-Georges avec sa façade baroque du XVIIIe qui cache bien son jeu car elle habille une superbe église romane du Xe.

On rejoint ensuite la ruelle d’Or, une vieille rue percée au XVIe siècle pour loger les gardes du château sous l’empereur Rodolphe II. Magiciens et alchimistes ne tardèrent pas à investir aussi les lieux, Rodolphe II étant passionné d’alchimie, il rêvait de trouver la pierre philosophale, cela eût arrangé les finances du royaume. Au XXe siècle, le lieu fut prisé par les écrivains et artistes et ces maisons de poupée furent habitées jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Kafka y passa l’hiver 1916-17 à écrire Un médecin de campagne.

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Point de vue sur Prague avant d’aller au palais Lobkowicz, dixit notre guide la plus ancienne et la plus riche collection d’art du pays, trois Routard, cela ne se rate pas !

Si l’on fait abstraction des innombrables portraits de famille, d’un Cranach et d’un Velasquez, le clou est l’un des cinq tableaux de Breughel l’ancien, la Fenaison. Nouveauté pour l’époque, pas le moindre sujet religieux n’est représenté, simplement la vie de tous les jours. A l’origine, six tableaux couvraient un cycle sur une année entière, deux mois par tableau. Un a disparu, trois autres sont au Kunsthistorisches Museum de Vienne et un dernier au MET de New York.

horizontal_big_800*576_1-IMG_8604Malgré ce  tableau, le Routard a un peu fumé la moquette dans son appréciation ! Bien sûr, il y a aussi la partition originale de la Symphonie héroïque de Beethoven et celle du Messie de Haendel annotée par Mozart. J’oubliais deux Canaletto, dont l’un représentant les régates royales à Londres est assez étonnant, on se croirait à Venise, mais c’est bien la cathédrale St Paul qui est à l’arrière-plan et non le palais des Doges !

On se console en déjeunant sur la terrasse de la cafétéria du musée, avec une vue panoramique.

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Ensuite, quelques belles pièces au musée d’histoire et une étonnante chapelle toute verticale, ornée de balcons, avec une fresque en trompe-l’œil. On passe devant le palais Schwarzenberg, à l’esthétique plutôt austère, pour se rendre à Notre-Dame de Lorette, symbole de la contre-réforme.

Au centre, la Santa Casa édifiée au début du XVIIe par des artistes italiens est la réplique de celle de Loreto. Parmi les pièces du trésor exposées, le clou est le « Soleil de Prague », un ostensoir orné de pas moins de 6 222 diamants… Ils ornaient la robe de mariée de la comtesse Ludmila Kolowrat qui en fit don au monastère. En 2011, lors de travaux, des peintures murales baroques uniques, représentant la Mort et la Résurrection – symboles de la fragilité et de la fugacité de l’existence humaine – ont été découvertes dans la crypte. Datant de 1664 elles n’utilisent  que des nuances de noir et de gris. La principale scène, représentant la Résurrection de Lazare, est inspirée de la célèbre gravure de Rembrandt.

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On redescend vers Mala Strana par la bucolique rue Vlasšká au milieu de vergers et de vignes où de petits lièvres s’ébattent, histoire de ne pas rater une autre œuvre de David Černý, une Trabant à jambes juchée dans le jardin de l’ambassade d’Allemagne.

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Devant le palais Liechtenstein, ce ne sont pas d’originaux parcmètres qui sont alignés, mais la représentation symbolique des 27 protestants décapités sur ordre des Liechenstein.

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Petit tour dans les ruelles de Mala Strana au soleil couchant, on voit le palais de l’Ordre de Malte et on ne rate pas le mur John Lennon devant l’ambassade de France, symbole de la contestation sous l’ancien régime communiste.

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On termine la journée par la visite de l’église St-Nicolas suivie d’un concert d’orgue. Encore du baroque exubérant, fruit de la Contre-Réforme.

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Les rayons du soleil couchant à travers un vitrail illuminent successivement les angelots de la chaire, St Cyrille – qui tient en respect le mal avec sa crosse – pour finir sur St Nicolas, c’est bien calculé ! Au programme, Bach, Buxtehude et des compositeurs moins connus, du moins pour nous, comme Kuchař, Černohorský, Muffat ou Seger. Mais ce n’est pas chauffé et on se gèle !

Retour via le pont Charles, plus de 21 000 pas au compteur…

Les photos sont ici.

Une basilique Art nouveau, une église baladeuse et le « bichon » un peu spécial de Sainte Marguerite

Mardi 2 avril 2019

Basilique St Pierre & St Paul, église de l’Archange St Michel et couvent de Sainte Agnès

Un coup de tramway nous mène au pied de la colline de Vyšehrad, berceau du pouvoir tchèque avec la dynastie des Přemyslides, qui régna aux XIe et XIIe siècles, mais il ne reste plus grand-chose du palais roman de Vratislav II, édifié au XIe siècle.

Par contre, la basilique romane de St Pierre et St Paul qu’il fonda, édifiée en 1070, est toujours là, bien qu’elle ait été profondément remaniée au fil des siècles. Elle n’a droit qu’à un Routard, ce que l’on trouve un peu sévère car son intérieur décoré au début du siècle dernier en style Art nouveau, très inspiré par Mucha, mérite vraiment le détour.

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L’éclairage par contre gagnerait à être amélioré. On ne trouve pas non plus que la vue depuis la colline soit une des plus belles vues qu’on puisse avoir sur la Vltava. Dans un bras mort de la Vltava, on découvre un petit port de plaisance un peu incongru, le bassin de croisière étant plutôt restreint. On zappe le cimetière de Vyšehrad, le Père-Lachaise local où les célébrités tchèques ont leur dernière demeure. On rate les « maisons cubistes » signalées par le Routard au pied de la colline, manifestement on est passé devant sans remarquer leur côté « cubiste ».

On rejoint ensuite le funiculaire de Petřín en passant devant le mémorial aux victimes du communisme, série de statues en bronze un peu à la Giacometti descendant des marches, de plus en plus incomplètes, illustrant la déstructuration progressive de l’individu par ce système totalitaire. On redescend la colline éponyme via les jardins Kinsky à la recherche de l’église de l ‘Archange Saint-Michel, dont on a pu repérer la position grâce à Maps.me.

Edifiée au XVIIe siècle dans le style bojkov, toute en bois, en 1793 elle fut vendue par les paroissiens de Velhé Loučky à Medvedovce, un village voisin plus riche et plus grand !

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En 1929, elle fut à nouveau démontée et offerte à la ville de Prague par le gouverneur de la Ruthénie, une province des Carpates dépendant alors de Prague, comme témoignage de l’architecture typique de cette région. La clocher le plus haut se situe juste au-dessus de la zone réservée aux femmes, nommée en langage populaire « la cour des nanas »…

On est seuls pour admirer ce petit bijou, il faut déjà le trouver !

Déjeuner à U dvou Srdci dans Mala Strana, pas loin du musée Franz Kafka où dans la cour, David Černý a encore frappé, deux statues d’hommes arrosent avec leurs « kikis » articulés un bassin qui a la forme du pays… En France, on aurait eu droit à des cris d’orfraie…

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On rejoint ensuite le couvent de Sainte Agnès. Ce n’est pas tant l’architecture de ce couvent de clarisses édifié au XIIIe siècle qui est intéressante, que son exceptionnelle collection d’art médiéval avec des œuvres allant du XIIe au XIVe siècle. Le musée a été récemment rénové, la présentation est superbe, les cartels passionnants replacent chaque œuvre dans son contexte, et cerise sur le gâteau, il n’y a quasiment personne !

On y retrouve l’original de la Madone de Vyšehrad, et comme diraient certains, on préfère l’original à la copie ! Quant à la Madone de Strakonice, ce n’est pas un hasard si son sourire fait penser à celui de Reims. On admire en particulier des tableaux du maître de Vyšší Brod, du nom du monastère cistercien financé par Pierre 1er de Rosenberg – qui apparaît sur la toile de la Nativité, offrant une église au Christ. Dans la Résurrection, notez les trois Maries apportant la myrrhe pour embaumer le corps du Christ.

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Les œuvres de Theodoricus proviennent pour la plupart de la chapelle de la Sainte-Croix du château de Karlštejn, où étaient conservés les joyaux de la couronne, et dont les murs sont eux-mêmes incrustés de pierres précieuses. 130 tableaux représentant des Saints « protégeaient » les joyaux. En effet, quel voleur aurait osé porter la main sur les images des Saints pour atteindre les pierres ? Quant au maître de Trébon, il tire son nom du couvent d’Augustin de Trebon qu’il décora. Notez le petit « bichon » un peu particulier de Sainte Marguerite !

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Le maître de Rajhrad illustre entre autres l’épisode où Saint Jacques libère le magicien Hermogène, son détracteur, et lui donne son bâton afin de le protéger des démons.

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Dans sa Crucifixion, notez le destin différent des âmes du bon et du mauvais larron, récupérées l’une par un ange, l’autre par un démon. Les artistes médiévaux n’hésitaient pas à représenter l’âme s’échappant de la bouche du mourant par… son « contraire » ou du moins son « Autre » : un petit corps nu qui monte vers le ciel.

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La trogne de Saint Nicolas, un Cranach l’Ancien, la Mort de l’autel de Zlichov, les chefs d’œuvres se succèdent, on fait la « fermeture »…

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On repasse ensuite à côté de la synagogue espagnole voir la petite expo consacrée à Jaroslav Róna, l’auteur de la statue toute proche de Kafka. Là, outre quelques belles sculptures, toute une série de petits dessins à l’encre noire est exposée, j’aime bien celui intitulé « dialogue » entre un singe et un certain Adolf…

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Retour en flânant via la vieille ville, la place du vieil hôtel de ville se pare de décorations pour les fêtes de Pâques, avec les incontournables baraques à frites associées, il était temps de la voir sans tout ce fatras…

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Les photos sont ici. 

Os en pagaille et Freud s’envoie en l’air…

Lundi 1er avril 2019

Kutna Hora

 50’ de train rapide nous mènent à Kutna Hora, à 80 km au sud-est de Prague. En prenant nos billets, vu le prix – 110 Kr, soit 4,2 € pour deux – je demande confirmation à l’employé qu’on a bien acheté un AR ! Ce n’est pas cela qui grèvera nos finances ! En fait, vu notre âge on ne paie que 10 % du prix…

Kutna Hora, classée au patrimoine mondial, fut trois siècles durant, entre le XIIIe et le XVIe siècle le centre économique de la Bohême grâce à ses mines d’argent et rivalisa avec Prague.

On débute la visite par la chapelle de Tous-les-Saints à Sedlec, à quelques kilomètres de Kutna Hora, pas loin de la gare. En l’an 1142, ce n’était que l’humble chapelle d’un monastère cistercien jusqu’à ce qu’en 1278 un abbé de retour de Palestine répande dans son cimetière un peu de terre ramenée du Golgotha. Même sans Facebook, gros buzz immédiat et le cimetière devint célèbre dans toute l’Europe, il est du plus grand chic de s’y faire enterrer.

A cet engouement, la peste de 1318 rajoute à elle seule pas moins de 30 000 corps. En 1511 un moine presque aveugle entreprend de rassembler os et crânes en formant six pyramides et deux siècles plus tard, lors d’une restauration de la chapelle, un certain Jan Blažej décide de disposer « artistiquement » tous ces ossements…

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Visite ensuite de l’imposante cathédrale de l’Assomption de Notre-Dame et de Saint-Jean-Baptiste, qui fait le pendant au monastère cistercien. Elle est maintenant démesurée et détone au milieu du petit village de Sedlec. Quant à son intérieur, il est pour le moins dépouillé et seul un bel ostensoir a survécu aux divers pillages qui eurent lieu au cours des siècles.

Petite marche de 3 km jusqu’à Kutna Hora, on a raté un bus et le prochain n’est pas avant 1h30… On diverge un peu avec le Routard qui préconise de prévoir une nuit sur place tant il y a de choses à voir.

Après avoir dégusté une excellente truite et un pancake aux myrtilles, on a vite fait le tour du centre-ville et une fois vus la maison de pierre et la belle fontaine gothique,

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il reste surtout une autre cathédrale, Sainte-Barbe. Sa construction débutée en 1388 dura 170 ans et la dernière et récente rénovation lui a redonné sa belle et originale toiture d’origine, pour la modique somme de 55 millions d’euros.

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Des fresques médiévales bien conservées illustrent mineurs et monnayeurs et ce n’est pas un hasard si elle est dédiée à Sainte-Barbe, patronne des métiers de la mine et du feu.

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La visite du château est rapide, il est fermé pour restauration, on peut juste admirer la cour des Italiens, en travaux…

Retour à Prague, on a un peu l’impression d’avoir remonté le temps avec les wagons à compartiments, semblables à ceux de notre SNCF il y a quelques décennies. Mais au moins les trains sont pile à l’heure ici… De retour à Prague, on retrouve Freud au soleil couchant, toujours pendu par un bras à deux pâtés de maison de chez nous, encore un coup de David Černý.

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Les photos sont ici.