Une basilique Art nouveau, une église baladeuse et le « bichon » un peu spécial de Sainte Marguerite

Mardi 2 avril 2019

Basilique St Pierre & St Paul, église de l’Archange St Michel et couvent de Sainte Agnès

Un coup de tramway nous mène au pied de la colline de Vyšehrad, berceau du pouvoir tchèque avec la dynastie des Přemyslides, qui régna aux XIe et XIIe siècles, mais il ne reste plus grand-chose du palais roman de Vratislav II, édifié au XIe siècle.

Par contre, la basilique romane de St Pierre et St Paul qu’il fonda, édifiée en 1070, est toujours là, bien qu’elle ait été profondément remaniée au fil des siècles. Elle n’a droit qu’à un Routard, ce que l’on trouve un peu sévère car son intérieur décoré au début du siècle dernier en style Art nouveau, très inspiré par Mucha, mérite vraiment le détour.

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L’éclairage par contre gagnerait à être amélioré. On ne trouve pas non plus que la vue depuis la colline soit une des plus belles vues qu’on puisse avoir sur la Vltava. Dans un bras mort de la Vltava, on découvre un petit port de plaisance un peu incongru, le bassin de croisière étant plutôt restreint. On zappe le cimetière de Vyšehrad, le Père-Lachaise local où les célébrités tchèques ont leur dernière demeure. On rate les « maisons cubistes » signalées par le Routard au pied de la colline, manifestement on est passé devant sans remarquer leur côté « cubiste ».

On rejoint ensuite le funiculaire de Petřín en passant devant le mémorial aux victimes du communisme, série de statues en bronze un peu à la Giacometti descendant des marches, de plus en plus incomplètes, illustrant la déstructuration progressive de l’individu par ce système totalitaire. On redescend la colline éponyme via les jardins Kinsky à la recherche de l’église de l ‘Archange Saint-Michel, dont on a pu repérer la position grâce à Maps.me.

Edifiée au XVIIe siècle dans le style bojkov, toute en bois, en 1793 elle fut vendue par les paroissiens de Velhé Loučky à Medvedovce, un village voisin plus riche et plus grand !

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En 1929, elle fut à nouveau démontée et offerte à la ville de Prague par le gouverneur de la Ruthénie, une province des Carpates dépendant alors de Prague, comme témoignage de l’architecture typique de cette région. La clocher le plus haut se situe juste au-dessus de la zone réservée aux femmes, nommée en langage populaire « la cour des nanas »…

On est seuls pour admirer ce petit bijou, il faut déjà le trouver !

Déjeuner à U dvou Srdci dans Mala Strana, pas loin du musée Franz Kafka où dans la cour, David Černý a encore frappé, deux statues d’hommes arrosent avec leurs « kikis » articulés un bassin qui a la forme du pays… En France, on aurait eu droit à des cris d’orfraie…

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On rejoint ensuite le couvent de Sainte Agnès. Ce n’est pas tant l’architecture de ce couvent de clarisses édifié au XIIIe siècle qui est intéressante, que son exceptionnelle collection d’art médiéval avec des œuvres allant du XIIe au XIVe siècle. Le musée a été récemment rénové, la présentation est superbe, les cartels passionnants replacent chaque œuvre dans son contexte, et cerise sur le gâteau, il n’y a quasiment personne !

On y retrouve l’original de la Madone de Vyšehrad, et comme diraient certains, on préfère l’original à la copie ! Quant à la Madone de Strakonice, ce n’est pas un hasard si son sourire fait penser à celui de Reims. On admire en particulier des tableaux du maître de Vyšší Brod, du nom du monastère cistercien financé par Pierre 1er de Rosenberg – qui apparaît sur la toile de la Nativité, offrant une église au Christ. Dans la Résurrection, notez les trois Maries apportant la myrrhe pour embaumer le corps du Christ.

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Les œuvres de Theodoricus proviennent pour la plupart de la chapelle de la Sainte-Croix du château de Karlštejn, où étaient conservés les joyaux de la couronne, et dont les murs sont eux-mêmes incrustés de pierres précieuses. 130 tableaux représentant des Saints « protégeaient » les joyaux. En effet, quel voleur aurait osé porter la main sur les images des Saints pour atteindre les pierres ? Quant au maître de Trébon, il tire son nom du couvent d’Augustin de Trebon qu’il décora. Notez le petit « bichon » un peu particulier de Sainte Marguerite !

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Le maître de Rajhrad illustre entre autres l’épisode où Saint Jacques libère le magicien Hermogène, son détracteur, et lui donne son bâton afin de le protéger des démons.

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Dans sa Crucifixion, notez le destin différent des âmes du bon et du mauvais larron, récupérées l’une par un ange, l’autre par un démon. Les artistes médiévaux n’hésitaient pas à représenter l’âme s’échappant de la bouche du mourant par… son « contraire » ou du moins son « Autre » : un petit corps nu qui monte vers le ciel.

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La trogne de Saint Nicolas, un Cranach l’Ancien, la Mort de l’autel de Zlichov, les chefs d’œuvres se succèdent, on fait la « fermeture »…

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On repasse ensuite à côté de la synagogue espagnole voir la petite expo consacrée à Jaroslav Róna, l’auteur de la statue toute proche de Kafka. Là, outre quelques belles sculptures, toute une série de petits dessins à l’encre noire est exposée, j’aime bien celui intitulé « dialogue » entre un singe et un certain Adolf…

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Retour en flânant via la vieille ville, la place du vieil hôtel de ville se pare de décorations pour les fêtes de Pâques, avec les incontournables baraques à frites associées, il était temps de la voir sans tout ce fatras…

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Les photos sont ici. 

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