Salem sans ses sorcières mais avec le Peabody Essex…

Mercredi 22 mai 2019

Salem et le Peabody Essex Museum

Aujourd’hui, balade à Salem, au nord de Boston. Fondée en 1626 par une communauté puritaine qui lui donna un nom issu de la Bible, elle passa à la postérité en 1692 grâce à la chasse aux sorcières qu’immortalisa Arthur Miller avec sa célèbre pièce, Les Sorcières de Salem. 200 personnes furent accusées de sorcellerie et 20 furent pendues ! Probablement un effet de l’ergot de seigle, avec des symptômes comparables au LSD, mais les comportements étranges induits choquèrent fortement cette communauté très puritaine, bref sept mois d’hystérie collective….

Aujourd’hui Salem est un petit port devenu très touristique, qui a conservé son centre historique, avec les demeures plutôt simples des marins et celles plus luxueuses des riches marchands, qui illustrent comme nulle part ailleurs le style Colonial Revival.

 Salem abrite aussi le Peabody Essex Museum. Fondé en 1799 par des armateurs de la East India Maritime Company, c’est le plus ancien musée des USA. Il avait pour vocation de présenter au public les trésors ou objets exotiques rapportés par les capitaines au long cours du XVIIe au XIXe siècle. Depuis 2013, un nouveau bâtiment ultramoderne avec un atrium en forme de bateau à voile met en valeur une sélection de ses collections exceptionnelles, centrées notamment sur la Chine, le Japon, la Corée, sans oublier l’art indigène américain. Plus de 2 millions d’objets au total !

On débute par A Passion for American Art, une expo temporaire qui présente la belle collection de Carolyn & Peter Lynch, consacrée aux arts décoratifs du XIXe à nos jours. On y découvre Chihuly, un maître verrier américain contemporain aux réalisations assez étonnantes ainsi que divers peintres, le tout mis en contexte avec des meubles d’époque.

Certains des tableaux présentés évoquent divers épisodes de l’histoire américaine, comme La marche vers Boston depuis Marblehead, où 75 000 volontaires répondirent à l’appel de Lincoln pour s’enrôler et prendre part à la guerre de Sécession.

Le Massachusetts fut le premier état à répondre à cet appel. On voit aussi un tableau de Frederick Frieseke, manifestement influencé par son séjour à Giverny et sa rencontre avec un certain Claude Monet.

On se pointe ensuite à la visite réservée pour la maison Yin Yu Tang. On est pratiquement seuls pour visiter cette authentique maison du XVIIIe siècle (dynastie Qing), provenant de Huang Cun, un petit village de montagne à 400 km au sud-ouest de Shanghai. La famille ne l’habitant plus depuis 1980, afin de la préserver, elle conclut un accord avec le musée qui la démonta et la remonta dans son enceinte en 2003.

Visite sympa, elle est restée dans son jus telle qu’elle était avec tout son mobilier. Dans une des pièces, le grand cône en bois tenait lieu de « parc » pour garder les enfants en sécurité et au chaud, un brasero à charbon trouvant sa place sous le plancher intermédiaire.

Quant au cercueil juste à côté, les enfants achetaient les cercueils de leurs père et mère du vivant de ces derniers, afin de les rassurer sur le fait qu’ils recevraient les soins requis à leur mort. Avant la révolution, les cercueils étaient conservés dans les salles des ancêtres, mais après, les responsables locaux ayant réquisitionné ces locaux pour y tenir des réunions politiques, les cercueils ont dû être conservés dans les maisons…

Autre expo temporaire qui illustre divers exemples de bio-ingénierie, très bien faite.

On déjeune dans la cafétéria située dans l’atrium avant de poursuivre la visite du musée avec de fort beaux objets, comme cette étonnante tête du démon Shoki sculptée dans une racine de bambou !

On apprend qu’au Japon le christianisme, importé par les Portugais était mal vu par les shogun et qu’en 1597, 26 prêtres furent exécutés. Le christianisme fut banni en 1637 et en 1682 un édit prescrivait des peines sévères. Si un chrétien était trouvé dans un village, le chef du village et quatre autres villageois étaient exécutés, de quoi refroidir les éventuels défenseurs du droit d’asile…

Grande balade ensuite dans le centre historique de Salem, très bien préservé avec ses mignonnes petites maisons en bois.

On évite les divers musées consacrés à la sorcellerie, qui semblent avoir bien plus de succès que le Peabody Essex où il n’y avait pas grand-monde. On termine par les belles maisons des armateurs, style Colonial Revival, autour de Chestnut Street.

Les photos sont ici.

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