Soutine et de Kooning, même combat…

Petit tour ce 30 décembre au musée de l’Orangerie, à Paris, avec une exposition  retraçant, comment  Chaïm Soutine, un maître de l’Ecole de Paris, souvent oublié en France, influença une star de l’expressionnisme abstrait américain, Willem de Kooning.

Chaïm Soutine, « Paysage avec maison et arbre » (1920-21).
Chaïm Soutine, « Paysage avec maison et arbre » (1920-21).

Ci-dessous un  extrait d’un article paru dans « Les Echos » qui résume bien le thème de cette exposition.

Soutine, le meilleur ami de Modigliani donne à ses arbres, ses personnages, ses routes et ses immeubles des formes sinueuses, des lignes mouvantes comme si le regardeur était en état d’ébriété permanente. Cet expressionnisme hypnotique se taille un petit succès en France mais aussi, quasiment en parallèle, un grand succès en Amérique. Car le fameux docteur Barnes qui donnera son nom à sa fondation à Philadelphie, achète massivement les toiles de Soutine (pas moins de 59 peintures acquises à l’époque dont il n’en conservera que 16), en vue, entre autres, d’une bonne plus-value, comme le raconte le catalogue de l’exposition.

Barnes écrit en 1923 : « A mon avis, il ne fait aucun doute qu’il se classera au-dessus de tout autre peintre depuis Van Gogh, et je pense qu’on peut faire fortune en vendant ces tableaux plusieurs fois le prix que j’ai payé ». C’est ainsi que Soutine devient un peintre de référence outre Atlantique… 

Chez Soutine, de Kooning apprécie comme nombre de théoriciens de l’art américain, une gestuelle forte qui flirte avec l’abstraction. La visite de la rétrospective Soutine au Moma qui ouvre en octobre 1950 puis celle de la fondation Barnes en 1952 confirment sa fascination, et même plus : son impact. « J’ai toujours été fou de Soutine – de toutes ses peintures. C’est peut-être la luxuriance de sa peinture », dira-t-il, à la fin de sa vie. 

Bon, pour notre part on préfère Soutine à De Kooning, mais là aussi c’est une question de goût… A noter que Soutine qui était juif s’était réfugié pendant la guerre à Civry… Fauché comme les blés, il proposa de payer le loyer des deux maisons qu’il y occupa successivement en « nature » avec ses peintures. Mais les propriétaires  refusèrent d’être payés avec ce qu’ils qualifiaient de « cochonneries » ou de « gribouillages »… On connaît leurs descendants qui regrettent amèrement que leurs parents n’aient pas accepté la proposition de Soutine  car la moindre toile de ce dernier se vend maintenant plusieurs millions d’euros et l’un de ses fameux bœufs écorchés à dépassé les 25 millions d’euros en 2015 chez Christie’s…  Barnes en 1923 avait vu juste ! 

Quant à Soutine, il mourut en 1943 d’un ulcère perforé, son transfert dans un hôpital ayant duré plus de 24 h car l’ambulance le transportant avait dû contourner moult barrages avant d’arriver à une clinique parisienne qui était « fiable », Soutine étant juif et donc recherché ne pouvant aller dans le premier hôpital venu…

Et cette toile ne fait-elle pas penser à quelqu’un qui se finirait par se dire que finalement, envahir l’Ukraine, ce n’était pas une aussi bonne idée que cela ?

En prime, on a droit aux 91 m d’un tirage de la dernière peinture de David Hockney  » A year in Normandy », retraçant les quatre saisons pendant les divers confinements, réalisée sur un i-pad…

Quelques photos ici.

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