Akan, l’or au Texas et Van Gogh pour finir …

Jeudi 15 mai 2019

Houston et ses musées

 Grande première pour nous, on a commandé un Uber pour se rendre au centre de Houston, pas le moindre transport en commun, il n’y a pas d’autre choix… On aurait pu emprunter l’une des voitures de Natacha mais comme elle doit nous rejoindre pour l’expo Van Gogh, ce sera plus sympa de rentrer ensemble. Grande première car on préfère dans la mesure du possible « boycotter » Uber qui comme bien d’autres entreprises est championne de l’évasion fiscale et « ubérise » sans état d’âme les droits sociaux des travailleurs. Certes c’est pratique, tout comme Amazon, mais bon, il faut savoir être cohérent avec ses convictions, là, on n’a pas le choix…

Comme on a passé l’heure de pointe, le trafic est fluide jusqu’à La Menil Collection. Ce musée privé expose depuis 1987 la collection de John et Dominique de Menil, un couple dont on devine qu’ils étaient à l’abri du besoin. On l’avait déjà visité lors de notre précédent séjour à Houston, mais comme les collections tournent, on a l’impression de le redécouvrir. Plus inquiétant, Paulette comme moi n’avons guère le souvenir des bâtiments, pourtant conçus par Renzo Piano, mais à notre décharge, ce n’est probablement pas une de ses œuvres majeures… Magritte, Ernst, Klee, Matisse, Picasso, Cézanne, Andy Warhol y sont superbement présentés, mais la collection abrite également des œuvres des époques antique, byzantine et médiévale, ou encore issues de l’art premier. Le musée est gratuit mais c’est « no photo » sauf dans le hall où l’on est accueilli par une immense toile d’Andy Warhol qui a réinterprété « La Cène » de Vinci.

On déjeune d’un sandwich dans le parc, la chapelle décorée par Rothko est fermée pour travaux, tout comme d’autres musées annexes de la Menil Collection.

On gagne à pied le Museum of Fine Arts, le trajet n’est pas désagréable, on ne croirait pas être tout à côté des gratte-ciels du downtown Houston, le quartier est très champêtre avec ses petites maisons au milieu des arbres, avec même des écureuils sur ces derniers… On ne rencontrera pas âme qui vive sur le trajet, se déplacer à pied, quelle idée aussi !

Avant le Museum of Fine Arts, petit tour au Museum of Modern Art qui le jouxte. On y retrouve – entre autres – de superbes photos de Zanele Muholi, une photographe sud-africaine qu’on avait découverte aux Rencontres d’Arles il y a quelques années.

On revoit avec plaisir la très belle collection Glassell. Alfred Glassell, fasciné par les objets en or et ce qu’ils représentaient dans l’art sacré ou les attributs du pouvoir, démarra une collection qui comporte de superbes objets d’Afrique – avec notamment les Akan du Ghana, de Côte d’Ivoire et du Bénin – d’Indonésie et d’Amérique du sud. En or massif ou plus souvent en bois recouvert de feuilles d’or, sa collection est l’une des plus belles au monde. Bon, pour la partie Amérique du Sud, il est battu par le musée de l’or de Bogota ou celui de Lima, par contre toute la partie africaine est sans équivalent.

Outre la collection Glassell, il y a de superbes objets, comme cette étrange statue de divinité mexicaine, provenant de la culture Colima.

Quant à la petite statuette d’un joueur de pelote de l’antique Veracruz, elle est étonnamment moderne, manquent juste les logos des sponsors…

Pour son album L’oreille cassée, Hergé s’est manifestement inspiré d’une statuette de gardien funéraire Chimú…

Beaux objets aussi venant de tribus Minangkabau des hauts plateaux de Sumatra ou de l’île de Nias (à l’ouest de Sumatra pour les nuls en géographie), version tibétaine de Shiva ou hevajra népalais, les objets sont bien choisis.

Le côté genre, le rose pour les filles et le bleu pour les garçons est illustré par deux originales photos du photographe coréen Jeongmee Yoon et ma foi, Damien Hirst nous propose avec End Game une vanité moderne.

Belle expo temporaire « Between Play & Grief » consacrée à des artistes sud-américains, avec notamment une « crucifixion » plutôt iconoclaste ou la dénonciation de l’homophobie pratiquée par les autorités catholiques (paradoxales quand on connaît les innombrables affaires de pédophilie qui ont éclaté au grand jour ces dernières années en Amérique du sud impliquant le clergé local !). L’art sud-américain déménage en général…

On termine par une expo temporaire, sélection de photos du musée, avant de retrouver Natacha pour l’expo Van Gogh. Pas les œuvres principales, mais quelques belles pièces et cela la change des inspections de ses plateformes pétrolières. A noter qu’à l’époque de Van Gogh, pour le portrait de femme intitulé « Prostituée », pas besoin de titre, le simple fait qu’elle ait du rouge à lèvre suffisait à la cataloguer comme telle… L’époque a quand même bien changé !

Retour à la maison au coucher du soleil, là encore une journée bien remplie !

Les photos sont ici.

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